Persik : Ce cadeau venu du froid
 

Tous les amateurs et cavaliers qui pratiquent l'endurance connaissent Persik. Ils ne peuvent ignorer le nom de celui qui dans notre pays a été l'une des figures de proue de cette discipline et qui vient de nous quitter pour un ultime galop. Étrange destin que celui de ce petit cheval gris qui aura fait rêver plus d¹un amateur. Il aurait pu comme ces milliers de chevaux nés en URSS passer une vie dans l¹ombre. Le monde de l¹endurance a eu de la chance. Persik a croisé sur son chemin un homme qui a transformé sa vie et influé ainsi sur l'équitation pratiquée dans notre pays.

En 1973, Jean Cougul certainement l¹un de nos meilleurs éleveurs français qui a tant fait pour faire connaître le Pur-sang Arabe participe à une vente aux enchères à Piatygorsk en Russie. Les lots proposés sont loin d¹être extraordinaires. Pourtant, il remarque un jeune étalon Arabe de quatre ans issu d'une des plus vieilles souches orientales Françaises exportées en Pologne et en URSS et qui, mariée avec d'autres souches orientales de «Crabbet» (Angleterre), Polonaises et Égyptiennes ont fait et font encore les beaux jours de l'élevage de Pur-sang Arabe Russe aussi bien en show qu'en course. C¹est sur cette intuition que Jean Cougul va acquérir Persik pour une somme modeste. Au début des années 70, l'aire des loisirs est née. Des départements comme la Lozère, le Gard ou l'Aveyron se font connaître par le tourisme équestre. Il y a un besoin de chevaux adaptés. Un élevage dans la région Causses-Cévennes est envisagé. La jumenterie locale sera créée grâce à un plan d'élevage patronné par le Haras d'Uzès et mis en place par le parc National des Cévennes dirigé par M. Montjauze. Nous sommes en 1974. Si les juments sont là, il faut trouver un étalon améliorateur. L¹évidence est appliquée. Seul un Pur-sang Arabe est à même d¹accomplir cette tâche. A cette époque les P.s Ar. ne sont pas nombreux dans notre pays et Persik présente toutes les qualités de sa race. C¹est ainsi que le parc des Cévennes en fera l¹acquisition pour 30.000 F. Yves Richardier sera chargé de son entretien. L¹étalon a six ans en 1975 et pratiquera la monte par le système du roulier. Pour être présenté à ces dames, on lui imposera 15.000 km en camion et 43 juments seront saillies.

Entre temps quelques précurseurs tentent d¹imposer une discipline nouvelle en France, l¹endurance qui nous vient des États-Unis. Ainsi vont naître les ³130 km, de Florac². Cette compétition de haut niveau a pour but de valoriser l'élevage local de chevaux de tourisme équestre .Entraîné dans ce but et monté par Jean-Marie Fabre, Persik va remporter la première épreuve de ce qui est devenu désormais l¹une des plus belles courses au monde. Persik va parcourir la distance en 6h25. En 1976, Persik remporte la seconde édition du raid de Florac long de 128 km devant 27 de ses congénères. Cheval de sport mais surtout cheval de service, Persik honorera encore de nombreuses juments. En 1978, Persik est à nouveau en lice sur la course de Florac. Mais là, il paie son existence trop ³speed². Il est arrêté pour des crampes à plus de 100 km du départ alors qu'il est 3e. Si les hommes aiment les chevaux, ils sont parfois inconscients et la vie de Persik va basculer. On a cru faire de la quantité avec cet étalon productif certes mais qui a ses limites. Le jour où Persik a failli mourir On le lâche sur le Mont Aigoual à 1.500 mètres d¹altitude avec un troupeau de juments. Fatigué, mal nourri, il attrapera une bronchite. Son état est préoccupant et sa toux est à la limite de l'emphysème. Malgré des soins intensifs mais trop tardifs et une attention de tous les instants, le cheval récupère difficilement.                                                                                                                                   En 1981, on prend une sage et obligatoire décision, la saison de monte est supprimée. Durant deux longues années l¹avenir de Persik est sombre. Puis, en 1983, le syndicat des éleveurs du Dauphiné qui a à sa tête André grange et Michel charvet le loue. 25 juments lui sont présentées. Par ailleurs, Persik sera candidat lors du national de modèle et allures où il gagnera sa classe. Cette même année, son premier fils devient champion de France d¹endurance. L¹année suivante il sera une nouvelle fois loué dans le Dauphiné puis ce sera deux saisons consécutives dans un élevage privé. En 1987, Persik qui a 18 ans est à l'origine de nouveaux objectifs de la part des éleveurs. Avec lui on produira d'excellents chevaux Arabes d'endurance qui s¹illustreront aussi dans les concours de modèle et allures. En 1989, une équipe d'endurance ³Parc National des Cévennes² est créée avec les produits de Persik, nés et élevés par le Parc. Miecknik et Michel Oziol. Nalik et Didier Roinieu, Olrik et André Rival, Tarif et Jean-Marie Fabre, Tropik et Serge Hugonnet ainsi qu'Orpin et Dominique Foubert sont en lice. Pour leur première saison de compétitions, ils réalisent 2 meilleures conditions sur 90 km, 2 places de 5e et 1 place de 15e sur leur première nationale les 2 x 100 km de Montcuq. L'année suivante Dominique Foubert et Orpin gagnent les 130 km de gap. Ce sera le début d¹une longue série.                                                                                                                             En 1990 Persik a été reconnu lors des jeux équestres mondiaux de Stockholm et le championnat du monde d'endurance comme étant le meilleur reproducteur européen de la discipline ayant été classé sur des raids de plus de 100 km de 1975 à fin décembre 1990. Une véritable dynastie Les produits de Persik s¹étant illustrés et s¹illustrant encore sont nombreux. Nous n¹allons pas les citer ici. Ce serait à coup sûr s¹exposer à des oublis. Même si nous nous rappellerons longtemps les champions de France, d¹Europe et du monde qui soit directement ou indirectement sont de son sang, nous garderons aussi l¹image de ses produits bien équilibrés qui ont donné et donnent encore du bonheur à ceux qui les ont approchés. A 32 ans, Persik a tiré sa révérence laissant un patrimoine génétique qui est loin d¹être égalé. Les juments qu¹il a sailli n¹étaient pas toujours des plus intéressantes. Néanmoins, sa progéniture aura marqué les quinze dernières années de la discipline endurance.Les prix de ses produits ont parfois atteint des sommets. A tort ou à raison, on a investit sur Persik. Beaucoup ont parié sur son seul nom en oubliant qu¹il était aussi nécessaire de faire un véritable travail pour voir éclore un champion. Avoir l¹outil c¹est bien, savoir s¹en servir, c¹est indispensable. Mais çà, c¹est une autre histoire...

Persik en chiffres

Selon le dernier stud-book du Pur-sang Arabe (source juin 2000), Persik a engendré :- 321 produits immatriculés dont 164 en race pure.

- 5 sont indicés en CSO

- 2 en dressage,

- 30 ont été présentés en modèle,

- 64 ont été partants en endurance et 29 labellisés.

                             Michel Barone