Comment choisir son cheval d'endurance

 

La carrière des bons chevaux d'endurance est longue, souvent plus de dix ans au plus haut niveau. Par contre beaucoup disparaissent très vite. Le temps et les moyens à mettre en oeuvre pour fabriquer un cheval d'endurance sont considérables. Partir d'un bon pied est vital. Reconnaître les manquements de sa monture et pouvoir laisser tomber à temps est malheureusement un problème qui s'est posé à beaucoup d'entre nous et la décision n'est pas facile.

Si vous demandez à dix cavaliers d'endurance comment choisir un bon cheval, vous aurez probablement dix réponses différentes et en aparté, on finira le plus souvent par avouer que pour leur champion, seule la chance a joué!     Si l'on pouvait à partir de critères scientifiques calculer tous les paramètres d'un cheval, les additionner et déterminer si ce cheval sera un bon cheval d'endurance, tout le monde le saurait.    La réalité est bien différente :  - Pas moyen de savoir comment fonctionnera encore le métabolisme après tous ces entraînement !     - Est-ce que le coeur continuera à pomper comme il le faudra ? Et les poumons, apporteront-ils l'oxygène aux muscles ? Et le système locomoteur, tiendra-t-il ? Et le mental du cheval ? Pas facile ! Avec un minimum de sélectivité, on pourra cependant éviter bien des illusions.    On parle beaucoup de telle ou telle lignée ayant plus d'aptitudes à l'endurance, avec des résultats probants de produits en endurance. C'est vrai ! Est-ce dû au géniteur, à la jumenterie ou au nombre de sujets testés en endurance ? Si quelques cavaliers d'endurance sérieux et capables s'associaient pour sélectionner un peu partout quelques produits, et les entraînaient correctement, n'atteindraient ils pas de bons résultats ? C'est pratiquement certain ! Pourquoi ? Parce que l'expérience accumulée durant toutes ces années de compétition leur permettra de rejeter d'emblée les sujets à problèmes : les fainéants, les maladroits, les stressés, les mal conformés, les perdants, et ainsi de suite. Ils rechercheront un cheval plutôt indépendant avec un caractère affirmé, donc qui ne s'occupe pas trop de ses congénères, qu'ils soient devant ou derrière. Un tel sujet aura moins tendance à vous laisser tomber lorsque vous vous retrouverez seul sur la piste ! Ils pourront éventuellement se laisser tenter par les annonces du type "Pour cavalier confirmé", indiquant un cheval à problèmes et à petit prix que l'endurance pourrait canaliser, tout en sachant que le risque sera inversement proportionnel au prix payé ! Ils s'orienteront vers un gros mangeur/buveur car on ne fait pas une course de 160 Kms avec un chipoteur de mangeoire qui maigrira à vue d'oeil dès que entraînement deviendra intensif. Évidemment, il rechercheront un sujet avec au moins 50% de sang arabe bien qu'il y ait de très bons individus dans les autres races et que tous les arabes ne sont pas nécessairement de bons chevaux d'endurance !   Ils préféreront un sujet vert (4/5 ans), bien que des chevaux commençant sur le tard ne doivent pas être négligés, pour autant qu'ils aient été nourris, parés, vermifugés et montés correctement, si un sujet plus âgé vous fait vaciller, allez-y, car les statistiques de course font ressortir une majorité de sujets entre 10 et 16 ans !             Ils tenteront de connaître le passé médical du prospect : pas de boiterie, coliques, coup de sang ou infections pulmonaires. Un rythme cardiaque très bas (inférieur à 30) au repos est parfois recherché, bien que les meilleurs performers soient dans la moyenne et que l'on recherche plutôt des capacités à monter et descendre dans les tours et à récupérer vite.  Ils seront influencés par la conformation du cheval, bien qu'une bonne conformation associée à un métabolisme défectueux mène immanquablement à une impasse !

On cherchera néanmoins une harmonie générale tout en gardant en tête que l'on veut un marathonien et pas un coureur de 100 mètres!     Donc : une encolure assez longue et fine, un dos porteur en évitant les dos trop longs, des membres solides bien que ce soit surtout la densité et non le volume osseux qui compte, un pied large, solide et bien ouvert, avec du talon et des aplombs les plus corrects possible (n'oublions pas que ces chocs répétés sur de mauvais aplombs se traduiront immanquablement par des boiteries), l'épaule idéale sera bien oblique, les jarrets devront plus propulser que porter. En fait, il suffit de consulter le standard du cheval Arabe pour y trouver la description du cheval idéal. Et puis ils voudront des allures élastiques et économes, au trot comme au galop, et un cheval qui engage bien au pas. Il sera important de vérifier comment s'effectue le poser aux trois allures car des mouvements parasites consomment de l'énergie et sont autant de risques d'atteintes. On regardera le cheval évoluer en liberté, dans sa pâture, au trot comme au galop et on jugera de ses capacités à se déplacer souplement, à l'économie, à galoper indifféremment sur le pied gauche ou droit, à tourner pour repartir au galop, à jouer, etc..

Il faut avoir l'impression que le cheval ne fait aucun effort pour se déplacer et faire ses cabrioles et qu'il a l'élégance dans ses mouvements. Toutes ces qualités seront ensuite exploitées pour fabriquer éventuellement le champion !

Pour le sexe, il ne faut pas oublier que les juments sont parfois capricieuses ou têtues et urinent moins facilement que les hongres, les étalons ont un instinct de conservation supérieur aux hongres et ils pourront jeter l'éponge alors que leurs réserves ne sont pas encore entamées. Les hongres n'ont pas ces défauts !   Quant au mental du cheval, ils essayeront de s'en faire une idée, mais cela c'est une autre histoire qui fait justement la différence entre simplement le bon cheval et le crack et ils ne connaîtront la réponse à cette question que deux ans après l'acquisition de leur champion, à l'arrivée de la première 160 Kms !

Léonard Liesens